Yandé
Il y a longtemps, très longtemps, une femme et son mari étaient esclaves chez un roi très odieux. Ils travaillaient beaucoup. Ils ne mangeaient pas à leur faim.
Un jour, le mari meurt de fatigue. La femme réussit à s’évader. Elle marche longtemps à travers la forêt. Elle attend un enfant. Un soir, ressentant des douleurs, elle accouche d’une petite fille au pied d’un gigantesque baobab. Elle la nomme Yandé. Elle prend un brin de bambou. Elle coupe le cordon ombilical. Elle attache un bracelet au poignet du bébé. Mais comme il fait nuit, la femme veut attendre le lever du jour pour partir. Elle s’endort après avoir allaité sa fille.
Le lendemain, au réveil l’enfant avait disparu !
Elle cherche sa fille partout, en vain ! Elle pleure jusqu’à ne plus avoir de voix. Le bébé a été enlevé par une femme génie. Celle-ci s’occupa bien de l’enfant jusqu’à ce qu’il devienne grand.
Un matin, la femme génie raconte à Yandé toute son histoire, depuis la fuite de sa mère. Elle lui remet deux œufs de couleur différente et lui explique :
« Tu casseras l’œuf noir à la sortie de la case. Le blanc, tu le lanceras dans le fleuve. Va maintenant retrouver ta maman ». Dès que Yandé tourne le dos, la femme génie
disparait dans un tourbillon de sable.
Du premier œuf, sortent des cavaliers fortement armés qui lui déclarent allégeance. L’œuf blanc renferme des troupeaux de zébus, de vaches, de moutons et de chèvres conduits par des bergers. Alors Yandé prend la tête de ce cortège majestueux. Dès le premier village, une femme vient à sa rencontre. Elle lui demande :
— Jeune princesse, où vas-tu ?
— Je suis à la recherche de ma mère.
— Mais c’est moi ta mère.
— Où suis-je née ?
— Dans ma maison.
— Avec quoi as-tu coupé mon cordon ?
— J’ai utilisé un couteau, bien sûr !
— Que m’as-tu offert à ma naissance ?
— Je t’ai donné mon lait
— Non, tu n’es pas ma mère.
Toutes les femmes des alentours se présentent mais aucune n’est capable de donner les bonnes réponses. Yandé reprend la route avec ses compagnons. Elle arrive alors dans une ville. Elle est accueillie comme une grande princesse. Elle interroge toutes les femmes les unes après les autres, mais nulle n’est sa mère. Une vieille femme suggère alors de faire venir les esclaves. Tout le monde se moque d’elle.
Comment une si belle princesse pourrait-être l’enfant d’une esclave ?
Une femme s’avance, la regarde et s’exclame :
— Tu es ma fille.
Yandé lui demanda :
— J’ai accouché au pied d’un baobab.
— Avec quoi, as-tu coupé mon cordon ?
— Avec un brin de bambou
— Que m’as-tu offert à ma naissance ?
— J’avais mis à ton poignet un bracelet que ton papa avait confectionné.
Yandé hurle très fort « J’ai retrouvé Maman ». Elle se jette dans ses bras. Toutes les deux pleurent de joie. Yandé lui offre des habits neufs. La mère se débarrasse de ses haillons. « Rentrons au pays maintenant ».
Yandé et ses redoutables guerriers attaquèrent le maudit roi et le détrônèrent. Elle libéra les esclaves. Elle devint la première princesse du pays.
Conte traditionnel Wolof, Sénégal. Auteur anonyme.
Adaptation, correction : Augustin Aurora.